mardi 18 mars 2008

Une petite fin

Ca sent la fin de l'année.

Je vous entend venir, "c'est bien une prof, ça, le mois de mars n'est pas fini que ça pense déjà aux vacances, etc.". Je vous arrête tout de suite : je n'ai pas dit "l'année est finie", j'ai dit "ça sent la fin de l'année".

Avec le retour du printemps, les jours qui rallongent, les journées portes ouvertes, les examens blancs et les conseils de classe du deuxième trimestre, le vent a tourné. On entre dans une nouvelle dimension : le lycée se transforme peu à peu en écurie où l'on bichonne nos poulains. On leur rentre dans le lard aussi, mais en leur expliquant que c'est pour leur bien.

Ben oui : on voudrait bien qu'ils ne se vautrent pas dès le premier obstacle. On ne voudrait pas non plus les voir franchir les portes de l'abattoir qui, ironie du sort, fait face au lycée. (Quand on sait qu'en plus, l'hôpital nous surplombe, on a de quoi s'inquiéter…)

Je les ai vues, les petites mines déconfites à l'issue du conseil, hier soir, quand ils ont compris qu'ils n'étaient pas forcément "tout le monde" quand on dit que "maintenant, tout le monde a son BEP". A force d'entendre partout que les examens sont donnés, ils y ont cru, mes poulains. Et ils n'en ont pas fait trop lourd depuis l'année dernière. Douloureuse prise de conscience : avec leur niveau, ce sera quitte (le lycée) ou (re)double au mois de juin.

Histoire de bien enfoncer le clou, leur abominable prof principale que je suis leur avait collé un BEP blanc hier et aujourd'hui. Après le français et l'histoire géo, ils se sentaient encore malins, mes quinze gaillards. Après les maths et la physique, ils n'en menaient plus très large. Heureusement que l'anglais, épreuve anecdotique s'il en est, ne leur a pas asséné le coup de grâce. On n'en dira pas autant des quatre heures de techno qui les attendent la semaine prochaine… Ils commencent à s'inquiéter drôlement. Et à deux mois de l'examen, ils vous disent froidement que la plomberie ne les intéresse plus, qu'ils veulent faire autre chose mais ne savent pas quoi, qu'ils n'auront pas leur BEP mais que ce n'est pas grave. Même s'ils savent mieux que moi qu'ils déraillent complètement.

Ca sent la fin de l'année, parce que je vais désormais passer plus de temps à les encourager à s'accrocher qu'à leur inculquer les rudiments de la langue de Shakespeare. Et ça sent la fin de l'année, parce qu'ils commencent à être contents de me croiser dans les couloirs – et quand une prof d'anglais devient indispensable à un élève plombier, on se dit que c'est vraiment le début de la fin…

1 commentaire:

BZH Matth a dit…

Donc, si tes poulains dépriment, direction l'hôpital, et si c'est vraiment grave, ils finissent à l'abattoir? Et ben, j'aimerais pas tomber malade dans ta ville.