mardi 25 mars 2008

Pas assez simple et imparfait

Dans un jardin public, où tant d'autres que moi déclamaient leurs vers, debout sur un banc, je parlais à tort (ou à raison) et à travers, par touches successives, petits instantanés pris sur le vif de l'émotion. Un modeste parterre de fidèles m'écoutait, à qui j'offrais de moi ce que je croyais être le meilleur.

Vous vous promeniez dans ce lieu où vous ne cherchiez presque rien et vous stoppâtes votre course à quelques mètres de mon banc. Le visage caché derrière un arbre, vous m'observiez.

Vous revîntes régulièrement, m'honorant d'une visite discrète. Puis plus rien. Vous disparûtes et votre ombre rassurante ne fut plus qu'un souvenir.
J'attendis votre retour. Les heures passèrent, je les pris pour des jours, des mois… par votre faute – vous m'aviez donné l'habitude de venir à ma rencontre matin et soir.
Je craignis d'avoir trop parlé, d'avoir usé de paroles qui vous auraient paru blessantes ou inquiétantes. Vous sembliez avoir pris la fuite pour une raison que j'ignorais, mais dont je m'accusais déjà d'être coupable.

Mais qu'avais-je perdu au juste ? Votre secrète apparition, et l'idée étrange qui en naquit.
Je ne savais rien de vous, vous ne m'aviez laissé ni nom, ni adresse, rien qui puisse m'aider à vous reconnaître. Aussi, quand je retrouvai enfin les traces vous ayant mené à votre arbre, compris-je que vous continuiez à m'observer. Mais dans quel but, à quelles fins ? Je l'ignorais. Si le hasard avait conduit vos pas jusque là une première fois, votre démarche était désormais volontaire. Et cependant, je continuais d'en ignorer les raisons.

Du haut de mon perchoir, je ne pourrai vous aborder sans attirer sur vous les foudres et les regards. En m'exposant à la lumière, je vous plonge un peu plus dans l'ombre où vous vous réfugiez.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

.. tu demanderas à Anouschka, elle connait maintenant le beau poëme de Verlaine : "dans le vieux parc solitaire et glacé .."
Comme elle m'a vanné quand je lui ai récité, je ne peux recommencer ici .. et je le regrette, il se serait beaucoup mieux prété à illustrer ta belle histoire qu'à décrire son square.

DdM a dit…

Bruno > Encore que... Ici, le colloque n'a pas lieu ! ;)

Anouschka a dit…

@ Bruno - En tant que lecteur, peux mieux faire... (surtout que je prfère Rimbaud)

DdM - La concordance des temps se danse à deux... temps et quelques mouvements.

Anonyme a dit…

Pfiou, un moment, j'ai cru que tu parlais de moi !
Mais comme tu as mon adresse mail, il s'agit donc de quelqu'un d'autre.Ou pas.

B.

Anonyme a dit…

B. > Toi, je te suis à la trace !! Mais tes visites n'en demeurent pas moins très très discrètes ! ;)

BZH Matth a dit…

Mmmh, j'arrive à lire entre quelques lignes mais pas toutes. Ça me frustre un peu :-p, je demanderais bien des explications si je pouvais.

DdM a dit…

BZH Matth > Comme souvent, une infime part de réalité est le point de départ d'un petit délire littéraire pour lequel je m'impose des contraintes (de temps, ici). Une lecture "entre les lignes" est possible, mais pas indispensable. Les explications éventuellement demandées seront fournies en aparté.