mardi 8 janvier 2008

Cinq bonnes raisons de préférer le train


1. Les horaires. Ne pas avoir d'horaire permet certes de prendre son temps, mais de le prendre si bien qu'on se demande, à la mi-journée, s'il encore raisonnable de partir maintenant.
Cela permet toutefois de lancer le concept original de "on pique-nique dans l'appart" mais repousse d'autant l'heure d'arrivée supposée. Une petite pointe de désespoir peut vous saisir en toute fin de matinée. Vos six heures de voyage, incompressibles, pèsent au-dessus de votre tête comme une épée de Damoclès : plus vous partez tard, plus votre journée sera longue, et plus vous serez fatigué.

2. Les impondérables. Ca peut être une déviation de 30 km pour à peine deux de route coupée. Ca peut être une sortie d'autoroute ratée (sans s'en apercevoir, bien entendu) et la poursuite vers un point que vous n'aviez pas envisagé dans votre itinéraire (et vlan, 80 km supplémentaires au compteur…). Ca peut être la station service où vous aviez justement envisagé de faire le plein qui est fermée ce jour-là…

3. La fatigue. Après 5 longues heures de route, alors que la nuit vous tombe dessus et que le dernier réglage de vos verres correcteurs de myopie vous laissent encore perplexe, alors que les routes sinueuses vous encouragent à rappeler à intervalle régulier à vos passagères que la bassine est entre les deux sièges et qu'elles ne doivent en aucun cas hésiter à dégainer avant de refaire la décoration intérieure de votre habitacle, paf ! une lumière éblouissante vous sort de votre torpeur et vous rappelle subitement que vous n'avez pas vu le dernier panneau indiquant la vitesse limite autorisée dans cette zone. Et oui, c'est la fin de l'année, il faut bien fêter ça.

4. Le mal des transports. Vous entamez votre sixième heure de route, et croisez les doigts pour que les virages n'aient pas raison de vos passagères. Vous vous remémorez tous les grands moments de vos voyages précédents où vous n'aviez pas de bassine à bord – enfant malade dans les embouteillages nantais, sur l'autoroute alors que la prochaine aire est à 20 km, en rase campagne par une température de sept degrés inférieure à zéro, à peine une heure après le départ, cinq fois dans le même trajet… toutes ces fois où vous êtes remonté(e) courageusement en voiture, et où vous avez pris sur vous pour ne pas céder à votre propre malaise… Cette année, la chance vous sourira : la bassine a éloigné le mauvais sort, et l'argent économisé en nettoyage des sièges vous permettra de payer (une partie) de l'amende que vous recevrez dans quelques semaines.

5. Les intempéries. On n'y pense jamais assez, mais quelle que soit la saison à laquelle vous entreprenez un (relativement) long voyage, la météo influence considérablement votre état nerveux et physique. Prenez 500 km (dont une bonne moitié de départementales) et parcourez-les du premier au dernier sous une pluie battante. Lorsque vous vous couchez le soir, vous voyez encore les essuie-glasses vous passer devant les yeux. Ajoutez à ceci que vous aviez pris note du dimanche classé rouge et que avez volontairement repoussé votre départ au lendemain, comme tous les gens qui ont écouté le même bison que vous… Pas très futé. Pour le coup, vous voyez vraiment rouge.
Prenez ces mêmes 500 km, et parsemez-y ici et là, sans prévenir, des nappes de brouillard assez denses pour que vous ayez l'impression de percuter un mur. Toujours ces mêmes kilomètres… offrez-vous les 15 derniers en neige verglacée. Vous verrez, après 6 heures de conduite, c'est assez stimulant.

Vous l'aurez compris, ma retraite bisannuelle dans le bastion familial tient, chaque fois, de l'expédition. Mais toujours moins que si je devais me retrouver sur un quai de gare avec mes deux sauvageonnes et tous les bagages !!

2 commentaires:

BZH Matth a dit…

Ahlàlà, Grand Corps Malade ferait l'éloge des voyages en train, mais le train n'est pas très rentable dès qu'on voyage à plusieurs.
Je me rappelle aussi que le train peut arriver en retard (raison 1 qui tombe), à cause de la neige sur la voie (oups, la raison 5 en prend un coup). A coup sûr, la fatigue et le mal des transports (3 et 4) résistent. Quant à la raison 2... je reste mitigé.
Mais je préfère privilégier le train que je voyage loin et seul.

On sent bien le vécu dans ton récit.

DdM a dit…

BZH Matth > J'ai une certaine expérience de la route, en effet... Cela dit, le train avec mes 2 loulouttes serait une drôle d'épopée aussi !! Au moins, en voiture, elles sont ficelées aux sièges...