samedi 19 janvier 2008

Absence(s)

Je suis la triste reine
Du royaume aux silences
Tous les mots se sont tus
Laissant place aux soupirs
Mes sujets sont des ombres
Venues ici en nombre
De vivants souvenirs
Des reflets retenus
Par un souffle qui danse
Au-dessus de ma peine

Je suis la triste reine
Du royaume aux absences
En despote tétu
Je renonce à sourire
Au milieu des décombres
Plongés dans la pénombre
De ce mourant empire
L'abandon froid et nu
Forgera son alliance
A l'attente souveraine

19 commentaires:

Michel P a dit…

C'est une très belle suite de vers !

BZH Matth a dit…

C'est assez triste et noir, mais j'ai bien aimé quand même.

DdM a dit…

Le Capitaine > Rien en comparaison avec le talent de certains ;-)

BZH Matth > Triste et noir, en effet, mais tellement vrai...

Michel P a dit…

Certaines noirceurs sont magnifiques, car d'un reflet bleuté.
J'ai porté toutes sortes de noms en Cybérie. Celui du capitaine me fut spontanément octroyé (c'est certainement pour cela que je suis encore nanti de ce ridicule sobriquet), mais jamais noirceur plus attrayante n'attira autant mon regard que celle du cormoran.
C'est un champion de l'apnée... Comme d'autres.
Ce texte m'a immédiatement intrigué. Je ne suis pas de ceux qui se laissent intriguer trop souvent en la matière. Je me suis donc penché, repassant par ici, sur sa structure.
Etant un tantinet hyper mnésique, je me souviens assez aisément des endroits où s'est arrêtée mon attention.
J'ai compris ce qui m'a interpellé. Construit en demis alexandrins, tu as donné une structure palindromique à tes rimes. Ce texte est un miroir. Ô miroir, mon beau miroir...
Je ne sais pas si tu as vu cette forme chez quelque auteur, pour ma part, je ne la connaissais pas !
Me permets-tu de m'y essayer en réponse ?

Je suis le triste sire
Des empires perdus
Coulant dans l'ignorance
De leurs ruines anciennes
Bâtissant de décombres
Mes nouveaux salons sombres
A l'abris des persiennes
De ma désespérance
Rien ne me sera lu
Qui ne soit dans la cire

Je suis le triste sire
Des empires perclus
Qui dans leur décadence
Dans les rires des hyènes
Lorsque mon ouïe s'encombre
Que mon bateau sombre
Valsent et s'en viennent
Rappeler à outrance
Rien ne me sera plus
Au jardin des désirs

Michel P a dit…

erratum : Et que mon bateau sombre
;-)

Michel P a dit…

comme moi sur un autre, tu as un pied de trop sur le dernier vers !
Forgera son alliance
D'attente souveraine
Par exemple...
Hihihi !

Michel P a dit…

enfin moi ct un pied de moins...

DdM a dit…

Le Capitaine > Je suis flattée que tu te sois penché si longuement sur ce texte. J'aime beaucoup la réponse que tu me donnes en écho. Il est toutefois une chose qui me désole pour ce Triste sire : qu'il bâtisse de décombres ses nouveaux salons sombres...
(Encore merci de ton passage et de tes commentaires.)

Michel P a dit…

Bah ! Les salons sombres, c'est une étape. Un jour, on change de vie, on change de lieux, mais ce jour-là ne vient pas en claquant du doigt. C'est une histoire de hasards, et les hasards, parfois, il faut les attendre... En cela, tu as totalement raison. :-)

DdM a dit…

Le Capitaine > Je me méfie des hasards, parfois malheureux. Pourtant je les attends. Mais que c'est long d'attendre...
Les salons sombres ne sont qu'une étape, soit. Mais pourquoi y bâtir des décombres ?

Michel P a dit…

Les hasards sont parfois malheureux, soit ! D'ailleurs, on parle de hasards, mais qu'en sait-on, au juste ? De toute façon, et ce que tu as bien saisi, c'est qu'il ne faut pas chercher ; les quêtes sont vaines.
Quant aux décombres, ils parsèment le présent d'odeurs qui s'effacent avec le temps, fantômatiques. Depuis trois ans, je colle des miettes sur du papier. Certains appellent cela écrire, ce sont sûrement les salons sombres... Un jour, on y tournera la clef, on choisira les ateliers ensoleillés, tu sais, ceux aux grandes baies vitrées qui donnent sur la mer.
Il faut se montrer patient, lorsque l'on a voulu se fabriquer d'illusions gigantesques, d'autant plus patient qu'elles le furent. J'aime beaucoup cette phrase de T.E. Lawrence, alias Lawrence d'Arabie :
"Tous les Hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit, dans les replis poussiéreux de leur esprit, s'éveillent le jour et découvrent que leur rêve n'était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en oeuvre leur rêve afin de pouvoir le réaliser. C'est ce que je fis."

DdM a dit…

J'ai toujours eu les illusions, mais souvent manqué de patience. Pourtant la vie me l'enseigne, mais je suis mauvaise élève.
Pour ma part, depuis trois ans, je recolle des morceaux, mais pas sur du papier. Certains appellent cela vivre, tout simplement.
J'aime d'autant plus ta citation de T.E. Lawrence que je fais partie des rêveurs de jour.

Michel P a dit…

Oui, vivre, c'est certainement ce que j'ai oublié de faire. Manque d'implication ? De motivation ? De responsabilisation ? De soutien ? Un peu de tout ça et d'autre chose, vraisemblablement... Quant aux rêveurs diurnes, pas d'inquiétude ! Tu n'es pas la seule ! Parfois même, je parviens à m'en dire que c'est pathologique.

DdM a dit…

Le Capitaine > Chez moi, C'EST pathologique :)

Michel P a dit…

Tu as l'adresse d'un bon docteur ? :-b

DdM a dit…

Le Capitaine > Non... Mais je me demande si je cherche vraiment à me soigner. C'est un mal aussi délicieux qu'il peut s'avérer douloureux.

Michel P a dit…

Serais-tu comme Férré qui chantait "et ce mal qui nous fait du bien" ? :-))

Michel P a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Michel P a dit…

Je viens de retomber par hasard sur cette page... :)
Peut-être pour avoir regardé l'adaptation de Kenneth Branagh ce soir...