vendredi 31 octobre 2008

Vous raconter des histoires

Alors que je refaisais ma bannière hier, et que, de par le fait, j'en relisais le contenu, je m'aperçus qu'il y était question de mots. Et de penser alors que le visiteur de passage ou récemment débarqué devait se demander où diable se cachent les mots. Et que l'habitué ou le fidèle s'inquiétait sûrement de savoir si une moitié de mon cerveau n'était pas tout simplement HS, tant il faut remonter dans les archives pour y croiser quelques lignes (et pas des plus glorieuses !).

En ce lieu où je me réserve le droit de faire beaucoup de bruit pour rien, un tel silence règne depuis si longtemps que je me devais de réagir. J'avais bien une "Vie De Prof" en réserve, mais vous la servir en plein milieu des vacances scolaires aurait fait un peu plat réchauffé pendant que la cuisinière est en grève.

Je me suis donc replongée dans mes brouillons, résolue à vous livrer, sur un plateau d'argent (ou presque), le non-récit de mes péripéties londoniennes.

Ca commençait ainsi :

Ami lecteur qui t'étais amusé de mes (mes)aventures lors de mon dernier déménagement, qui t'étais délecté de ma lutte acharnée contre les prises 32 ampères, qui avais savouré mes démêlées francetélécomesques, qui t'étais fait le témoin de quelques unes de mes prouesses, je te soupçonne d'avoir attendu jusque là le récit de mon épopée londonienne, pensant y trouver quelque anecdote croustillante.
Je te comprends. Les grands moments de mon existence ont toujours trouvé un écho en ces murs bloguesques, depuis l'achat d'une paire de chaussures quasi dépareillées à la cadette de mes filles jusqu'à mes problèmes de stationnement en côte bretonne.

(Tous ces liens vers d'anciens billets sont ni plus ni moins destinés à vous montrer que si si, de temps en temps, je tiens mes engagements de bannière !...)

Londres, surtout lorsqu'on en entreprend la conquête avec 40 élèves, se devait d'y figurer. Et pourtant. Jamais voyage scolaire ne s'était si bien profilé : aucun oubli de carte d'identité, les situations les plus irrégulières clarifiées le soir-même du départ, le passage de douanes finger in the nose (nos élèves sont là pour nous rassurer : "j'vous jure, M'dame, j'ai rien amené, j'ai tout fumé avant de partir !"), des élèves qui s'intéressent à tout, qui s'enthousiasment de voir "en vrai" ce qu'ils avaient du se contenter de voir en photo l'année d'avant, qui ne s'égarent pas, arrivent à l'heure aux rendez-vous, nous épargnent l'approfondissement de notre connaissance du système juridique ou médical britannique, sont heureux de retrouver les familles d'accueil le soir pour discuter, ne cherchent pas à faire le mur pour aller au pub, vous font la bise, le matin parce qu'ils sont (presque) contents de vous retrouver… Bref, avec tout ça, il y avait de quoi se ramollir du cerveau (ou devenir sentimentale ?). Quid de l'humour acide et des humeurs amères ?, je vous le demande.

C'était sans compter sur un détail qui nous aura échappé du début à la fin : notre transporteur. Qui arrive avec 43 places assises dans son car alors que nous sommes 46 à voyager. Qui n'hésite pas à compléter ses disques et feuilles de route tout en conduisant. Qui est capable de parler à la personne assise côté passager, en la regardant droit dans les yeux, plus de 5 secondes d'affilée, alors qu'il est sur l'autoroute. Mais qui fait des demi-tours incroyables en plein centre de Londres. Qui confond sa droite et sa gauche. Qui conduit au feeling (souvent différent de celui de son GPS, d'ailleurs). Qui m'aura fait passer deux nuits blanches complètes pendant lesquelles j'ai fait la conversation (pour être sûre qu'il ne s'endorme pas) et le copilote (pour être sûre d'arriver à peu près à l'endroit voulu à peu près au moment voulu). Mais qui fait des demi-tours incroyables en plein centre de Londres. Qui n'a pas une seule carte routière dans son car. Qu'il aura fallu piloter durant tout le séjour. Qui se trompe de boutons sur son tableau de bord et éteint ses phares (en pleine nuit) alors qu'il cherche à allumer l'alimentation du lecteur DVD. Mais qui fait des demi-tours incroyables en plein centre de Londres.

Grâce à lui, et à toutes les fois où nous nous sommes perdus (sans carte !), j'ai pu rafraîchir mes connaissances linguistiques et me confronter à une multitude d'accents extraordinaires, découvrir des prononciations insoupçonnées de roundabout ou firelight, comprendre, au bout d'un (long) moment que "go straaaahite on" n'est autre que "go straight on (go stréït on)", et que "zawaaahï" est la transcription phonétique de ce que je m'évertue à prononcer "that way (zate wèè)" à mes élèves. Mon Cambridge English Pronuncing Dictionary s'est pris une claque (et moi avec) ! Mais au moins, ça m'a dépoussiéré mes vieux souvenirs universitaires et décrassé mes connaissances livresques, c'est moi qui vous le dis !

15 commentaires:

Mr SuperOlive a dit…

Incrédibeule cette histoire de chauffeur de bus sans carte! T'es sûre qu'il avait son permis???

Anonyme a dit…

Très divertissant! Surtout le dernier paragraphe, où justement il est tant question de mots...

Anonyme a dit…

pittoresque ! j'adore... :)

Anonyme a dit…

Eh bien, ça valait la peine d'attendre !
Carrément laffingue awt lawd!
(A propos du dernier paragraphe: t'es sûre que, par inadvertance, le chauffeur ne vous avait pas amenés à Bruxelles ou à Liège, des fois?)

fan a dit…

Oui mais si j'ai bien suivi, il maîtrise fort bien les demi-tours en plein centre de Londres! :o))
Tu es aussi douée pour portraitiser avec les mots qu'avec ton appareil!!

namaki a dit…

Merci pour ce bon moment !!! surtout quand il nous est arrivé quasiment la même chose il y a deux ans ! Nous allions en Ecosse au départ de Bordeaux (1750kms!!) et arrivés à Douvres notre chauffeur nous demande où on va ... pas une carte, pas de GPS ... c'est nous qui avons joué les GPS avec une carte que nous avons acheté avec nos deniers, enfin ceux du groupe ! Après avoir rajouté de l'eau dans le moteur à plusieurs reprises et démarré au petit matin en tapant à coups de marteau sur le même moteur, il a fini par avoir une grosse panne qui nous a fait ma collègue et moi vider le bus à minuit à Tullibody près de Stirling, à faire l'interprète entre un chauffeur qui ne parle pas un traitre mot d'anglais et un écossais pur sang et pur accent et à parler mécanique ! et quand je dis vider le bus ce seont toutes les provisions pour les petits dej de 50 élèves, des goûters, table de picnic etc etc... car au fil des années nous améliorons les conditions de pique nique ;-) Nous remettons cela en mars cette année , à Stratford... parce que nous le valons bien ;-)

PS: je suis aussi prof d'anglais tu l'auras deviné ;-)

BZH Matth a dit…

Ahhh, enfin le récit !!! Cela valait la peine d'attendre. Tu fais beaucoup de bruit PRESQUE pour rien, mais pas pour rien.
J'adore tes petites anecdotes, celles qui font la vie d'un voyage.

(@Wini : ah on dit des fois, on dit pas une fois??? ;-) )

Encore une fois, sympa la nouvelle bannière !!! Tu as bien fait de garder le regard... Il fait fondre les smarthies roses. (chutt pas de marque !!!)

Anonyme a dit…

@bzh matth: Non, on peut une fois dire "des fois".
(C'est comme, en belge, on ne dit pas "kénavo", mais "qué novel" - mais ça c'est le niveau upper intermediate.)

Anonyme a dit…

Même si je reste assez discrète, je suis une visiteuse quotidienne de ce blog.
Quand je suis tombée sur ce blog au hasard de la blogosphère, j'ai tout de suite été happée par les mots qui y étaient présents. Toujours bien choisis, toujours très drôle même dans les situations qui ne le sont pas forcément.

J'aime beaucoup tes photos et tu manies de mieux en mieux ton ami le reflex. Mais ça fait quand bien du bien de lire et relire de temps en temps tes mots.

Un très joli blog en somme.

DdM a dit…

Mr SuperOlive > Il était chauffeur de rallye... (et ce n'est même pas une blague !)

Joe Blogue > Objectif atteint, alors :)

Laylacarina > Ca valait le déplacement ?

Wini > J'ai encore des progrès à faire (j'ai mis du temps à comprendre !!). Ahhh, c'est donc pour ça que la route m'a semblé si longue jusqu'à la Bretagne ?!!!

Fan > Les portraits de mots sont nettement plus longs à élaborer !!

Namaki > C'est que je n'ai pas tout dit non plus ! Ni les problèmes de vidange des WC du car, ni l'arrêt-catastrophe pour cause de morceau de car qui volette et rafistolage à la MacGyver, ni... enfin, il y aurait de quoi en faire un livre !
Mais je constate que tu as de beaux souvenirs en stock aussi !!

BZH Matth > Avoue que je suis un peu longue à la détente, tout de même, ces temps-ci...

Wini (et Matth, qui se tapent la discut' sur mon blog comme si de rien était !) > Tu parles Belge ET Breton ? Tu manges du beurre salé aussi ? ;)

Audrey > Ton commentaire me touche beaucoup. Il est vrai qu'on ne connait ses visiteurs que par les commentaires qu'ils laissent. Et ça fait chaud au coeur de se savoir suivie :)

BZH Matth a dit…

Les frites au beurre salé, ça tente?

Mais non, DdM, t'es pas trop longue à la détente, c'est normal, les vacances, c'est fait pour se reposer... non? (si seulement, tu te reposes...)

DdM a dit…

BZH Matth > Ah bon, les vacances, c'est fait pour se reposer ? J'ai du paumer le mode d'emploi alors...

Michel P a dit…

J'aimerais bien le connaître ce conducteur de bus. :-))

Anonyme a dit…

J'ai vécu tout cela, moi aussi....et malheureusement pas qu'une fois ! j'ai peur de ce que l'on doive en déduire!

Je découvre votre blog, j'en feuillette les pages avec plaisir :)

DdM a dit…

Josiane57 > Bienvenue dans mon petit univers, alors, et merci de ton commentaire !
Qui sait, peut-être avons-nous essayé la même compagnie de transport ?!?