mercredi 2 avril 2008

Trouver chaussure à son pied

Ma dernière histoire remonte à plus d'une semaine, quand, prise dans le tourbillon d'un délire psychotique doublé d'une soudaine envie d'écrire, je m'étais amusée à manipuler le passé. Oui, ça m'avait amusée – car habituellement, le passé, une fois écrit, ne se modifie pas. Et je ne m'amuse pas toujours du mien.

Et depuis, rien. Pas rien dans ma vie, bien au contraire, mais rien qui me vienne sur une feuille de "papier" (pour autant qu'on puisse appeler ainsi une page de traitement de texte). C'est d'ailleurs de là que vient le problème : tant que la fiction dépasse la réalité, je suis toute pleine d'inspiration. Mais quand la réalité nous joue des tours que la fiction n'aurait pas osé imaginer, c'est la panne sèche.

Il me fallait donc revenir à des choses plus simples, plus lisses, tellement plus banales que tout ce qui s'est passé ces derniers temps, pour avoir quelque chose à écrire. Et j'ai eu mon sujet ce matin : l'achat d'une paire de chaussures pour chacune de mes filles.

Ce n'est pas bon, les hivers qui se prolongent : ils dépassent la longévité d'une paire de chaussures d'enfant. Mes filles, en l'occurrence, se baladaient avec des godillots tout crevés depuis un moment, et c'était de l'ordre de la nécessité absolue d'en changer. Le problème à cette époque de l'année, c'est qu'on ne trouve plus que des chaussures ouvertes sur les étals des magasins. La belle affaire : avec 15 degrés au plus chaud de la journée et 25 millimètres de pluie quotidiens, la paire de nu-pieds ne me tentait guère. Il a donc fallu écumer tous les magasins de la ville et de sa périphérie pour finir par trouver de quoi les chausser en attendant le retour du soleil.

Pire que si j'avais demandé la lune en plein jour ou des fraises en hiver, la quête de la chaussure fermée quand ce n'est pas la saison est d'une difficulté redoutable. Et la vendeuse ne vous cache pas que vous êtes quand même tordue de vouloir des modèles hiver alors que le magasin est blindé de "jolis modèles printaniers". Et le temps, il est printanier, le temps ?

Ne m'embarrassant pas trop des états d'âme de la vendeuse, je finis par trouver un modèle pour la grande. Pour la petite, j'ai déjà plus de mal : compte tenu de sa pointure, je ne trouve que des modèles "baby". Or, quand on voit le nombre de kilomètres par jour qu'elle parcourt à galoper dans tous les sens, je me dis que la semelle de ce type de chaussure ne lui résistera pas deux semaines. Je me vois donc contrainte d'aller regarder de plus près un modèle que j'avais jusque là ignoré, parce qu'il était rose fluo, malgré la patine du temps passé sur les étagères. Et le pire, c'est que non seulement elles lui vont, mais en plus elles lui plaisent. Et la voilà partie réclamer sa deuxième chaussure à la vendeuse qui s'éclipse dans son arrière-boutique et met tant de temps à revenir que je suis à deux doigts d'appeler le SAMU de peur qu'elle n'y ait fait un malaise ou de mauvaises rencontres.

Une fois de retour, elle nous sort magistralement la deuxième chaussure de sa boîte, et marque un temps d'arrêt : "Je regardais si la couleur n'était pas trop passée", nous dit-elle. Puis, après un court instant : "Mais non, ça va." Oh oui, tout va très bien : il y en a une rose fluo vif et l'autre rose fluo pâle, mais à part ça, c'est parfait. De toute façon, il n'y a pas d'autre paire de rose. Et pas d'autre paire à sa taille. Et une nécessité absolue d'être chaussée en quittant le seul magasin de la ville qui propose encore des modèles ressortis de derrière les fagots.

Au moins, comme ça, elle apprendra à distinguer sa droite de sa gauche…

4 commentaires:

BZH Matth a dit…

Après faut encore savoir si la rose pâle va à gauche ou à droite ;-)

(en cherchant un peu, on peut voir la Lune en plein jour :-p et pour trouver des fraises en hiver, le Maroc en exporte quelques unes bien rouges, même si ma grand-mère me tuerait si elle apprenait que non seulement, j'ai acheté des fraises en hiver, mais qu'en plus, elles venaient pas du PAYS de la fraise (petite ville internationalement connue... si si, c'est vrai)
Voilà, c'était pour les remarques très terre à terre...

Pas de photos des chaussures? Dommage.
Sympa l'anecdote en tout cas !

Anonyme a dit…

Bzh Matth > Justes remarques. Mais note au passage qu'on peut aussi trouver des chaussures d'hiver en été :)

BZH Matth a dit…

Oui oui, bien sûr!
Depuis que j'ai migré du Grand Ouest vers le Grand Sud, je dois avouer que je n'ai plus trop le souci d'avoir des chaussures d'hiver... celles d'été conviennent en hiver (sauf les sandales).
[Non, non, je ne frime pas, j'explique]

Anonyme a dit…

Pour ma part, j'ai suivi un mouvement migratoire presque inverse (je suis partie du Sud Ouest et j'ai perdu le Sud en route...) et je suis plus souvent en bottes de pêcheur qu'en sandalettes ici !!