Alors que je refaisais ma bannière hier, et que, de par le fait, j'en relisais le contenu, je m'aperçus qu'il y était question de mots. Et de penser alors que le visiteur de passage ou récemment débarqué devait se demander où diable se cachent les mots. Et que l'habitué ou le fidèle s'inquiétait sûrement de savoir si une moitié de mon cerveau n'était pas tout simplement HS, tant il faut remonter dans les archives pour y croiser quelques lignes (et pas des plus glorieuses !).
En ce lieu où je me réserve le droit de faire beaucoup de bruit pour rien, un tel silence règne depuis si longtemps que je me devais de réagir. J'avais bien une "Vie De Prof" en réserve, mais vous la servir en plein milieu des vacances scolaires aurait fait un peu plat réchauffé pendant que la cuisinière est en grève.
Je me suis donc replongée dans mes brouillons, résolue à vous livrer, sur un plateau d'argent (ou presque), le non-récit de mes péripéties londoniennes.
Ca commençait ainsi :
Ami lecteur qui t'étais amusé de mes (mes)aventures lors de mon dernier déménagement, qui t'étais délecté de ma lutte acharnée contre les prises 32 ampères, qui avais savouré mes démêlées francetélécomesques, qui t'étais fait le témoin de quelques unes de mes prouesses, je te soupçonne d'avoir attendu jusque là le récit de mon épopée londonienne, pensant y trouver quelque anecdote croustillante.
Je te comprends. Les grands moments de mon existence ont toujours trouvé un écho en ces murs bloguesques, depuis l'achat d'une paire de chaussures quasi dépareillées à la cadette de mes filles jusqu'à mes problèmes de stationnement en côte bretonne.
(Tous ces liens vers d'anciens billets sont ni plus ni moins destinés à vous montrer que si si, de temps en temps, je tiens mes engagements de bannière !...)
Londres, surtout lorsqu'on en entreprend la conquête avec 40 élèves, se devait d'y figurer. Et pourtant. Jamais voyage scolaire ne s'était si bien profilé : aucun oubli de carte d'identité, les situations les plus irrégulières clarifiées le soir-même du départ, le passage de douanes finger in the nose (nos élèves sont là pour nous rassurer : "j'vous jure, M'dame, j'ai rien amené, j'ai tout fumé avant de partir !"), des élèves qui s'intéressent à tout, qui s'enthousiasment de voir "en vrai" ce qu'ils avaient du se contenter de voir en photo l'année d'avant, qui ne s'égarent pas, arrivent à l'heure aux rendez-vous, nous épargnent l'approfondissement de notre connaissance du système juridique ou médical britannique, sont heureux de retrouver les familles d'accueil le soir pour discuter, ne cherchent pas à faire le mur pour aller au pub, vous font la bise, le matin parce qu'ils sont (presque) contents de vous retrouver… Bref, avec tout ça, il y avait de quoi se ramollir du cerveau (ou devenir sentimentale ?). Quid de l'humour acide et des humeurs amères ?, je vous le demande.
C'était sans compter sur un détail qui nous aura échappé du début à la fin : notre transporteur. Qui arrive avec 43 places assises dans son car alors que nous sommes 46 à voyager. Qui n'hésite pas à compléter ses disques et feuilles de route tout en conduisant. Qui est capable de parler à la personne assise côté passager, en la regardant droit dans les yeux, plus de 5 secondes d'affilée, alors qu'il est sur l'autoroute. Mais qui fait des demi-tours incroyables en plein centre de Londres. Qui confond sa droite et sa gauche. Qui conduit au feeling (souvent différent de celui de son GPS, d'ailleurs). Qui m'aura fait passer deux nuits blanches complètes pendant lesquelles j'ai fait la conversation (pour être sûre qu'il ne s'endorme pas) et le copilote (pour être sûre d'arriver à peu près à l'endroit voulu à peu près au moment voulu). Mais qui fait des demi-tours incroyables en plein centre de Londres. Qui n'a pas une seule carte routière dans son car. Qu'il aura fallu piloter durant tout le séjour. Qui se trompe de boutons sur son tableau de bord et éteint ses phares (en pleine nuit) alors qu'il cherche à allumer l'alimentation du lecteur DVD. Mais qui fait des demi-tours incroyables en plein centre de Londres.
Grâce à lui, et à toutes les fois où nous nous sommes perdus (sans carte !), j'ai pu rafraîchir mes connaissances linguistiques et me confronter à une multitude d'accents extraordinaires, découvrir des prononciations insoupçonnées de roundabout ou firelight, comprendre, au bout d'un (long) moment que "go straaaahite on" n'est autre que "go straight on (go stréït on)", et que "zawaaahï" est la transcription phonétique de ce que je m'évertue à prononcer "that way (zate wèè)" à mes élèves. Mon Cambridge English Pronuncing Dictionary s'est pris une claque (et moi avec) ! Mais au moins, ça m'a dépoussiéré mes vieux souvenirs universitaires et décrassé mes connaissances livresques, c'est moi qui vous le dis !
En ce lieu où je me réserve le droit de faire beaucoup de bruit pour rien, un tel silence règne depuis si longtemps que je me devais de réagir. J'avais bien une "Vie De Prof" en réserve, mais vous la servir en plein milieu des vacances scolaires aurait fait un peu plat réchauffé pendant que la cuisinière est en grève.
Je me suis donc replongée dans mes brouillons, résolue à vous livrer, sur un plateau d'argent (ou presque), le non-récit de mes péripéties londoniennes.
Ca commençait ainsi :
Ami lecteur qui t'étais amusé de mes (mes)aventures lors de mon dernier déménagement, qui t'étais délecté de ma lutte acharnée contre les prises 32 ampères, qui avais savouré mes démêlées francetélécomesques, qui t'étais fait le témoin de quelques unes de mes prouesses, je te soupçonne d'avoir attendu jusque là le récit de mon épopée londonienne, pensant y trouver quelque anecdote croustillante.
Je te comprends. Les grands moments de mon existence ont toujours trouvé un écho en ces murs bloguesques, depuis l'achat d'une paire de chaussures quasi dépareillées à la cadette de mes filles jusqu'à mes problèmes de stationnement en côte bretonne.
(Tous ces liens vers d'anciens billets sont ni plus ni moins destinés à vous montrer que si si, de temps en temps, je tiens mes engagements de bannière !...)
Londres, surtout lorsqu'on en entreprend la conquête avec 40 élèves, se devait d'y figurer. Et pourtant. Jamais voyage scolaire ne s'était si bien profilé : aucun oubli de carte d'identité, les situations les plus irrégulières clarifiées le soir-même du départ, le passage de douanes finger in the nose (nos élèves sont là pour nous rassurer : "j'vous jure, M'dame, j'ai rien amené, j'ai tout fumé avant de partir !"), des élèves qui s'intéressent à tout, qui s'enthousiasment de voir "en vrai" ce qu'ils avaient du se contenter de voir en photo l'année d'avant, qui ne s'égarent pas, arrivent à l'heure aux rendez-vous, nous épargnent l'approfondissement de notre connaissance du système juridique ou médical britannique, sont heureux de retrouver les familles d'accueil le soir pour discuter, ne cherchent pas à faire le mur pour aller au pub, vous font la bise, le matin parce qu'ils sont (presque) contents de vous retrouver… Bref, avec tout ça, il y avait de quoi se ramollir du cerveau (ou devenir sentimentale ?). Quid de l'humour acide et des humeurs amères ?, je vous le demande.
C'était sans compter sur un détail qui nous aura échappé du début à la fin : notre transporteur. Qui arrive avec 43 places assises dans son car alors que nous sommes 46 à voyager. Qui n'hésite pas à compléter ses disques et feuilles de route tout en conduisant. Qui est capable de parler à la personne assise côté passager, en la regardant droit dans les yeux, plus de 5 secondes d'affilée, alors qu'il est sur l'autoroute. Mais qui fait des demi-tours incroyables en plein centre de Londres. Qui confond sa droite et sa gauche. Qui conduit au feeling (souvent différent de celui de son GPS, d'ailleurs). Qui m'aura fait passer deux nuits blanches complètes pendant lesquelles j'ai fait la conversation (pour être sûre qu'il ne s'endorme pas) et le copilote (pour être sûre d'arriver à peu près à l'endroit voulu à peu près au moment voulu). Mais qui fait des demi-tours incroyables en plein centre de Londres. Qui n'a pas une seule carte routière dans son car. Qu'il aura fallu piloter durant tout le séjour. Qui se trompe de boutons sur son tableau de bord et éteint ses phares (en pleine nuit) alors qu'il cherche à allumer l'alimentation du lecteur DVD. Mais qui fait des demi-tours incroyables en plein centre de Londres.
Grâce à lui, et à toutes les fois où nous nous sommes perdus (sans carte !), j'ai pu rafraîchir mes connaissances linguistiques et me confronter à une multitude d'accents extraordinaires, découvrir des prononciations insoupçonnées de roundabout ou firelight, comprendre, au bout d'un (long) moment que "go straaaahite on" n'est autre que "go straight on (go stréït on)", et que "zawaaahï" est la transcription phonétique de ce que je m'évertue à prononcer "that way (zate wèè)" à mes élèves. Mon Cambridge English Pronuncing Dictionary s'est pris une claque (et moi avec) ! Mais au moins, ça m'a dépoussiéré mes vieux souvenirs universitaires et décrassé mes connaissances livresques, c'est moi qui vous le dis !