Pour ce titre, j'hésitais entre France Tétroconne, France Teledéconne ou France Teleconne. Mais qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse… Tu parles, Charles (même si, en l'occurrence, c'est Alfred qui le dit… Et ne me demandez pas pourquoi cette situation m'inspire poétiquement, sans doute une manière pour moi d'évacuer le stress…)
Là, l'ivresse, si elle doit être proportionnelle au nombre de fois par jour où je lâche un "ça me saoule" désespéré, est grande.
Pour vous narrer cette nouvelle aventure épique, j'imagine une assemblée aux accents alcooliques et anonymes qui réunirait France Teleconneurs et neuses autour du même thème : vouloir en finir avec les insultes de clients exaspérés.
(elle) - Bonjour, je m'appelle Anaïs, et je travaille à France Teleconne.
(tous) - Bonjour Anaïs.
(elle) - Voilà, aujourd'hui encore, je me suis faite insulter par une cliente qui, après avoir été privée de téléphone pendant dix jours parce que nous avions oublié de brancher sa ligne mais que nous lui soutenions le contraire, n'a pas accès à Internet à cause de nous.
(un teleconneur) - Et comment savez-vous que vous en êtes responsable ?
(elle) - C'est simple : elle dit avoir mené deux jours de lutte acharnée avec son FAI pour déterminer l'origine du problème – ce que je veux bien croire, vu comme elle semblait énervée. Ils ont essayé de gagner du temps (enfin, à elle, ça lui en a fait perdre) en lui faisant revoir tous ses branchements. Mais elle s'est accrochée, la bougresse, et de demi-heure d'attente en demi-heure d'attente, elle a fini par les avoir : ils ont fait un diagnostique de sa ligne. Et c'est là que ça nous retombe sur le dos : le problème vient de sa ligne analogique, pas de son fournisseur.
(un autre teleconneur) - Ah… Et comment avez-vous réagi ?
(elle) - J'ai trouvé que sa ligne grésillait, je lui ai dit que j'allais tester son installation. D'abord avec son appareil téléphonique branché, puis sans aucun appareil et enfin avec un appareil filaire. J'ai voulu lui faire croire que le problème venait de ses prises. Elle n'a pas vraiment voulu me croire.
(tous) - ??
(elle, les larmes aux yeux) - Elle s'est un peu emballée : "Non mais vous me prenez pour une conne ? De tout l'immeuble, alors que nous avons tous la même installation, je serais la seule à avoir des prises pourries qui ne me permettraient pas d'avoir accès à Internet ? Ils font comment, mes voisins, pour avoir Internet ? Ils mettent les doigts dans les prises ? Ils se branchent sur le micro-onde ?" Et puis là, elle m'a resservi le coup de sa ligne qu'on avait omis de brancher un mois plus tôt en prétextant le contraire. J'ai craqué…
(un teleconneur, anxieux) - Qu'avez-vous fait ?
(elle, en pleurs) - Je lui ai envoyé un technicien…
Bon, je n'y crois pas trop, à la culpabilité du téléconneur. N'empêche qu'ils doivent quand même s'en prendre plein la tête, vu leur incapacité à faire leur travail correctement.
Le technicien, il s'est pointé ce matin. Et il m'a remis ça, avec son histoire de prises. Sauf qu'il a pu en faire l'expérience lui-même : le problème venait d'ailleurs. Du central, par exemple. Où le technicien précédent avait oublié de brancher un fil…