jeudi 31 janvier 2008

Considérations professionnelles

Madame X et Madame Y travaillent dans la même entreprise, où elles occupent les mêmes fonctions. Elles ont le même âge, le même nombre d'enfants, les mêmes diplômes. Et pourtant, Mme X a de sérieux soucis à se faire quant à l'évolution de sa carrière. Car si la quantité, tout comme la qualité, du travail qu'elle fournit est équivalente à celui de sa collègue, elle n'en récolte pour autant jamais les honneurs.

Tout est question de stratégie, et Mme X ne maîtrise pas ce point. Lorsqu'elle rédige une lettre qu'elle soumet à la lecture de sa collègue, Mme Y trouve toujours le moyen de changer un point ou une virgule, et de se charger de remettre le tout à leur patron.

Quand Mme X suit une formation professionnelle, elle envoie un mail (informel) à ses collègues, dans lequel elle fait une synthèse de ce qu'elle a appris, sans manquer d'y ajouter quelques anecdotes et commentaires personnels pour en rendre la lecture plus digeste.
Quand Mme Y suit une formation professionnelle, elle envoie un mail (formel) à ses collègues, dans lequel elle fait la synthèse de ce qu'elle a appris, sans manquer d'estampiller de son nom chaque pied de page et d'en envoyer copie au patron. De préférence, elle enverra ses mails depuis son domicile, entre 22h30 et 2h, ou un jour chômé.

Lorsque Mme X et Mme Y travaillent sur un projet commun, Mme Y fait toujours en sorte de poser sa pierre en dernier, afin de pouvoir apporter en mains propres le dossier aux supérieurs.
Mme Y n'hésitera d'ailleurs pas à mettre ses enfants en garde un mercredi matin pour revenir sur son lieu de travail. Mme Y n'hésitera d'ailleurs pas à faire garder ces mêmes enfants jusque tard le soir pour assister à des réunions où elle brillera par sa seule présence et forcera l'admiration de tous (quel dévouement à son entreprise, tout de même !).
Mme X hésitera, elle. Et au final, elle préfèrera s'occuper de ses enfants, ne pas les savoir sans cesse chez la nounou, à la garderie ou entre les mains d'une baby-sitter. Mme X a fait des enfants pour s'en occuper, par pour payer d'autre gens afin qu'ils s'en occupent. Du coup, Mme X brille par son absence aux réunions tardives ou à des heures qui ne sont pas celles où elle est sensée travailler. Ce qui ne l'empêche pas d'abattre la même quantité de travail. Dans l'ombre.

Ainsi, et alors qu'elles ont le même âge, le même nombre d'enfants et les mêmes diplômes, alors qu'elles fournissent un travail de qualité et quantité équivalentes, Mme X passe très inaperçue dans l'entreprise, alors que sa collègue Mme Y semble être indispensable. Réfléchissant à cette situation, Mme X se disait ce matin encore que deux solutions s'offraient à elle :
- travailler moins pour gagner autant (quitte à ce que son travail ne soit pas reconnu, autant que d'autres le fassent à sa place)
- changer de stratégie, ne pas en faire plus mais surtout afficher ce qu'elle fait.
Même si aucune de ces deux solutions ne semble la satisfaire, elle commence à se poser de sérieuses questions, notre Mme X !

mardi 29 janvier 2008

Ange ou démon ?


(Peut-être aurait-elle pu, elle aussi, figurer dans la série "telle mère, telle(s) fille(s)"...)

lundi 28 janvier 2008

En grandes pompes


De bonne heure et de bonne humeur

Vingt-huit ans que le mot "sport" est banni de mon vocabulaire. Pourtant, après un long travail au corps et à l'esprit, je m'étais résolue à me jeter à l'eau. L'expression est impropre, d'ailleurs : je n'ai jamais eu l'intention d'aller à la piscine, mais plutôt de faire un jogging. Mon pèse-personne et mes jeans s'étant mis d'accord pour trahir mon laisser-aller physique et alimentaire, je m'étais persuadée que remuer tout ça ne pouvait que me faire du bien.
Bref, j'étais psychologiquement prête à affronter le froid, les douleurs, l'essoufflement, la sueur, les crampes, et autres petits plaisirs du sport pratiqué régulièrement… D'autant que la conjoncture des astres allait dans mon sens : avec deux classes en stage, je voyais ma matinée du lundi libérée de toute activité professionnelle. En commençant ma semaine avec un petit jogging matinal, j'allais m'ouvrir les portes sur une vie nouvelle.

Pour comprendre toute l'importance de cette démarche, il faut me connaître un petit peu. A défaut, il faut savoir que le sport, plus que les maths ou la physique, ont toujours été ma bête noire à l'école. Sept ans de collège-lycée à inventer des dispenses, à oublier mes affaires, à essayer de me faire mal dans les trois premières minutes de cours pour ne pas avoir à en subir les 117 suivantes. Tout un art.
Face à cette raideur de caractère, mes chers parents, désemparés, ont tenté de m'assouplir. Ca a commencé par des séances de kiné – une heure de torture hebdomadaire pour un résultat proche de zéro. On a alors tenté la danse classique. Je ne manquais pas de grâce… tant qu'on ne me faisait bouger que les bras. Le tutu ne m'allant pas vraiment au teint, j'ai opté pour la danse contemporaine. Et j'ai enfin compris que le problème ne venait pas de la tenue. A défaut de me sentir plus à l'aise avec mon corps, j'avais au moins appris à ne pas mourir de ridicule.
Mes exploits sportifs auraient pu s'arrêter là, mais j'ai finalement trouvé ma voie en pratiquant l'équitation. Bon, j'étais plus à l'aise à curer les boxes qu'à monter en selle, mais n'empêche que je m'épanouissais. Jusqu'à ce qu'un imbécile de cheval m'explose le dos sur un obstacle. Avec une vertèbre fêlée et un joli tassement de colonne, j'avais au moins gagné ma dispense officielle de sport scolaire pour une année. Mais face à tant de prouesses, et parce qu'ils ne voulaient sans doute pas me voir participer aux prochains jeux paralympiques, mes parents m'ont encouragée à poursuivre la flûte – moins de dangers tout de même !

Plus de dix ans se sont écoulés. Mais j'allais enfin changer le cours de ce destin. Sauf que de retour chez moi après avoir déposé les filles à l'école, je me suis souvenue qu'un paquet de copies m'attendait dans mon cartable. Et que mes élèves de secondes seraient sans doute ravis d'avoir le contrôle que je leur ai promis. Et que je devais téléphoner aux tuteurs de mes élèves en stage. Et que la nounou de mes filles attendait son bulletin de salaire pour ce soir. Et… et… et ma foi, je repousse le jogging à lundi prochain.

dimanche 27 janvier 2008

Complices #2

Ca s'est peut-être vu : je suis en panne d'inspiration littéraire… La simplicité déroutante de ma vie, et le calme qui en découle, me laissent peu d'occasion d'ironiser sur un sujet ou un autre. Les rares "incidents" qui pourraient me fournir prétexte à écrire ne débouchent sur rien et me laissent, comme ils laisseraient mes lecteurs, sur ma faim. Quant à mon imagination, sans doute en berne, elle ne me permet pas de combler ce que la réalité ne m'a pas donné, et m'empêche ainsi de fournir des textes où le lecteur s'amuserait de mes propos.
En contrepartie, je dépose en ce lieu quelques clichés, espérant que ceux-ci parviendront à s'exprimer à ma place. Petites photos de famille sans grand cachet artistique, mais qu'il me plait de regarder et de fait, de partager…



jeudi 24 janvier 2008

Bathroom




En bonne voleuse d'idées qui se respecte, je n'ai pu résister à l'envie de me lancer ce petit défi personnel et de suivre l'idée vue chez Anouschka et proposée par Aby...

Grève...

mercredi 23 janvier 2008

Le pèse-tout-le-monde-sauf-moi

Temps couvert et atmosphère lourde... le soleil est loin d'être à son zénith mais je vais tout de même m'essayer à un texte léger - quoi qu'il s'agisse d'une anecdote de poids.

A force d'ingurgiter régulièrement et massivement les (bons) chocolats de Noël que je ne voudrais pas voir s'abîmer, et que j'aprécie autant pour leurs qualités gustatives que leurs prétendues vertus médicales, j'ai commencé à avoir la désagréable impression que mes jeans profitaient de la nuit pour rétrécir un peu. Bien décidée à démêler le vrai du faux et savoir si je devais envisager de faire les soldes en "taille + 1", j'ai dépoussiéré le pèse-personne familial (son prédécesseur ayant essentiellement servi de trampoline à mes filles, celui-ci est tenu à l'écart afin qu'il ne subisse pas le même sort).
Un petit peu anxieuse à l'idée du verdict, j'ai grimpé le plus délicatement possible sur le plateau, comme si cette manière de poser les pieds dessus allait pouvoir influencer de manière significative le poids annoncé.

- - -
Error

Manquait plus que ça ! Qu'à cela ne tienne, je descends, remonte, ne m'embarrassant plus de la moindre délicatesse. Et cette fichue erreur qui s'affiche à nouveau. Vérification de la pile, de l'engin dans son ensemble : rien d'anormal en apparence. Je tente un test, et appelle ma petite, aussi surprise que contente de pouvoir se peser.

- - -
14,2

Je suis soulagée de voir qu'il s'agit d'un dysfonctionnement sans gravité. Je remonte...

- - -
Error

La grande, qui passait par là voir ce que l'on y faisait, réclame sa pesée. Je la mets en garde contre les caprices de mon pèse-personne (en tout cas pas moi) pendant qu'elle se hisse à son tour sur le plateau.

- - -
16,5

C'est la meilleure ! Je commence à me regarder de travers dans le miroir. Si j'avais triplé mon poids en quelques semaines - au point de dépasser la limite supérieure tolérée - je m'en serais peut-être aperçue autrement qu'en montant sur une balance, non ? Sans la moindre conviction, je me pose une dernière fois sur l'engin.

- - -
Ah ! (dit sur un ton de grande satisfaction face à cette machine qui décide enfin d'obtempérer)
Ah. (dit sur un ton nettement moins satisfait, à l'affichage du résultat)
Bon. Ben.... Je ne vais quand même pas me laisser abattre, hein ?! Je mangerais bien un petit chocolat, moi !

mardi 22 janvier 2008

lundi 21 janvier 2008

Extrait de rien

... Commença alors un véritable travail de détective, qu'il mena de manière acharnée. Les moyens dont il disposait pour retrouver la trace de sa secrète étaient très limités. Il devait user de ruse et de perspicacité, se remémorer ses mots, ses idées. Mais cela ne suffit pas.

Il s'aperçut qu'il ne la connaissait, au final, que très peu. Insuffisamment, en tout cas, pour que les propos qu'il lui croyait familiers ne puissent la trahir. Elle restait tapie dans son jardin secret où il ne pouvait l'atteindre, en dépit de toutes les techniques modernes dont il avait une maîtrise sans faille.

Ses déceptions, renouvelées chaque jour, ne faisaient qu'augmenter sa tristesse. Jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que ses requêtes, non contentes de l'avoir mené nulle part, avaient creusé autour de lui un énorme fossé dans lequel personne n'avait osé s'aventurer.

Ainsi pouvait-il désormais souffrir d'un double abandon, d'une double solitude. Il n'avait pas retrouvé celle qu'il cherchait, et il avait perdu ceux qui l'entouraient. Sa douleur n'en fut que plus grande - d'autant qu'il avait oublié les raisons de sa quête...

samedi 19 janvier 2008

Absence(s)

Je suis la triste reine
Du royaume aux silences
Tous les mots se sont tus
Laissant place aux soupirs
Mes sujets sont des ombres
Venues ici en nombre
De vivants souvenirs
Des reflets retenus
Par un souffle qui danse
Au-dessus de ma peine

Je suis la triste reine
Du royaume aux absences
En despote tétu
Je renonce à sourire
Au milieu des décombres
Plongés dans la pénombre
De ce mourant empire
L'abandon froid et nu
Forgera son alliance
A l'attente souveraine

lundi 14 janvier 2008

Chuis pas payé pour...

Lundi, 16h35. Entrée dans la cage aux fauves de dix énergumènes qui ressemblent d'assez près aux primates pré-cités.
Ahhh, douce S4 (entendez par là quatrième heure de cours de l'après-midi)… Durant sept heures avant toi, mes néandertaliens ont eu tout le loisir de s'éveiller, de se remettre de leur difficile week-end et de reprendre le contrôle de toutes leurs capacités intellectuelles. Quant à mon état de veille, qui dure depuis plus de dix heures bien remplies, il s'émousse quelque peu.

Moi (d'un ton qui se veut encore guilleret) : bon, on va reprendre le cours là où on l'a laissé.
Un pré-néandertalien : bheuu (râlement guttural, à mi-chemin entre celui de l'ours malencontreusement sorti de son hibernation par un rayon de soleil pile-poil dans l'œil et celui d'une bouche d'égout vomissant un trop-plein d'eau suite à une averse abondante) bheuuu (donc), on fait ça depuis six mois !

(là, permettez-moi de faire un petit calcul rapide… nous sommes en janvier, nous aurions donc, a priori, débuté cette séquence en juillet, or, si mes souvenirs sont bons, je ne travaillais pas à cette époque de l'année ; sans doute voulait-il dire "depuis plus longtemps que ce que nous pouvons décemment supporter, soit probablement une ou deux séances de cinquante minutes")

Moi (mon sang n'a fait qu'un tour et le ton s'est fait cinglant) : ok, ben on va faire autre chose.
Et de distribuer avec force et vigueur texte et questions correspondantes.

On aurait pu entendre une mouche voler, s'il y en avait eu ne serait-ce qu'une.
On aurait pu entendre des neurones s'entrechoquer, si… enfin bref.

Je me radoucis.
Le cours reprend des allures normales.

Moi : blablabla, blablabla (in English, please)
Eux :
Moi : ?
Eux :

Normal, quoi.

Puis, tout à coup, un autre pré-néandertalien : bheuuuuu… on a déjà fait ça l'année dernière !

Forcément, ce n'est pas donné à tout le monde de redoubler. Cela dit, je n'ai pas eu sa classe l'an dernier. Mais, il est vrai que lorsqu'on place avec assurance les Etats-Unis au Groenland, on ne fait pas vraiment de distinction entre Martin Luther King et Malcom X (quoi ? un roi ? quoi ? une star de porno ?).

Moi : bon écoute, je vais te proposer quelque chose : la semaine prochaine, tu amènes un document qui t'intéresse, que tu veux étudier, et que tu n'as pas fait l'an dernier, ok ?
Lui (à moitié avachi sous sa table) : mheuuuuuuhé ! Chuis pas payé pour faire vot' boulot !
Moi : Ben moi, chuis pas payée pour me faire emmerder !
Les autres néandertaliens, en chœur : oooh héééééééé, Madaaaaaaaaame, vous zénervez pas !

J'aimerais bien pouvoir entendre plus souvent voler les neurones dans ma classe… et s'entrechoquer les mouches.

dimanche 13 janvier 2008

Gorilles, babouins, ouistitis et autres primates

Croyez-moi si vous le voulez, mais l'homme (entendez par-là "personne bourrée de testostérone par opposition à sa congénère femelle") aurait un patrimoine génétique plus proche de celui du singe que de celui… de la femme.
Si c'est à peu près tout ce que j'ai retenu de mes lectures hautement intellectuelles, c'est parce que quand on choisit, à vue de titre, un bouquin intitulé "Pourquoi les hommes sont lâches ?" (énoncé qui, en dépit du point d'interrogation final, semblait rendre indubitable la sentence), c'est qu'il reste, au fond de soi, un arrière-goût d'amertume ou de rancœur à l'égard de certains représentants de l'espèce. Alors, forcément, l'homme comparé au singe… l'idée me plait.




Qu'on se rassure, le sous-titre, un poil plus flatteur, annonce qu'il s'agit d'un "petit précis de psychologie masculine à l'usage des femmes qui aiment encore les hommes" (remarquez le "encore" qui laisse supposer le pire…). 300 pages pour expliquer le fonctionnement du mâle, contre 180 pour celui de mon appareil photo. Je vous laisse en tirer les conclusions que vous voulez !

vendredi 11 janvier 2008

Journée (dé)constructive

Six heures. Le réveil n'a pas le temps de sonner, je me lève et me dirige mécaniquement vers la salle de bain (j'ai pris soin de déblayer le chemin de mon lit à la douche la veille au soir), je passe un temps incertain sous le jet d'eau qui devrait me réveiller, m'habille, me maquille, ouvre mes volets, vais faire mon lit, prendre mon petit déjeuner. La dernière gorgée de café avalée, j'ai le sentiment d'ouvrir enfin un œil.
Sept heures moins dix, j'extirpe doucement ma fille aînée de son lit, je l'habille et la pose devant son petit-déjeuner qu'elle boudera. Je mets le lait à chauffer, vais chercher la petite qui se réveille à mesure que le niveau du biberon baisse. Je sais qu'elles sont bien réveillées toutes les deux quand elles commencent à s'échanger des gentillesses ("t'as des grosses fesses") ou quand elles s'unissent pour me les adresser. Elles en profitent, je ne suis pas là, j'ouvre leurs volets, je fais leurs lits, je range leurs doudous dans leurs sacs. Elles attendent le moment où je les autoriserai à quitter la table pour regarder dix minutes de dessins animés – le temps de faire la vaisselle.
Huit heures moins le quart, on est déjà en retard, on enfile les manteaux, on grimpe en voiture, on arrive à l'école, un petit bisou et les voilà parties pour la garderie.

Tous les matins, c'est pareil.

Commence ma deuxième vie, celle où je ne suis plus "maman" mais "madame", celle où je n'ai plus deux filles mais des dizaines d'enfants. Ils défilent, alignant plus ou moins lamentablement trois mots d'anglais, entre le cours de sport et celui de math.

Tous les jours, c'est pareil.

Midi et demie, pause-déjeuner. Je rentre me faire réchauffer le restant de pâtes de la veille au soir, que je mange debout dans la cuisine, parce qu'assise face au mur, ça me coupe l'appétit. Un chocolat (faut bien écouler les stocks de Noël !), un café et c'est reparti.

Tous les midis, c'est pareil.

S'il n'est pas aisé de parler anglais en matinée, la tâche est encore plus difficile sur la digestion, après 4 heures d'atelier, ou après cinq, six, sept heures de cours, le dernier jour de la semaine… Mais aujourd'hui, c'est un peu différent : on fait grâce des deux dernières heures de cours pour faire place aux parents. Nouveau travail à la chaîne, où l'on voit défiler, alignant plus ou moins maladroitement leurs propos, les parents qui prennent un peu de leur temps pour se soucier de la scolarité de leur rejeton.
Il y a les parents qui s'inquiètent, les parents qui sont contents, les parents qui en voudraient toujours plus, ceux qui se satisfont de peu, ceux qui ne jurent que par le travail, ceux qui trouvent que "le petit en connaît bien assez pour toucher le chômage", ceux qui admirent leur gosse, ceux qui l'enfoncent, ceux qui vous racontent les années collège de leur enfant, leur propre scolarité, leurs angoisses, leur vie, leur accouchement…
Finalement, à 20h, j'aurai croisé vingt "parents" (en couple ou en solo, accompagnés – ou non – de leur rejeton, parfois de la fratrie, beaux pères, belles mères, pères fouettards ou mère…cenaires – le jeu de mot est foireux, je sais, mais je fatigue !).
Le temps de remettre les tables et les chaises en place, je file chercher les filles. La conversation est d'un autre ordre – jeux, repas, fatigue, pipis-culotte, dessins… On rentre (en oubliant, au passage, les deux doudous sacrés), on enfile les pyjamas, on promet de téléphoner à la nounou demain pour aller récupérer les doudous, on fait un dernier bisou, et on se retrouve en face à face avec son ordinateur…

Heureusement que ce n'est pas pareil tous les soirs.

mercredi 9 janvier 2008

mardi 8 janvier 2008

Cinq bonnes raisons de préférer le train


1. Les horaires. Ne pas avoir d'horaire permet certes de prendre son temps, mais de le prendre si bien qu'on se demande, à la mi-journée, s'il encore raisonnable de partir maintenant.
Cela permet toutefois de lancer le concept original de "on pique-nique dans l'appart" mais repousse d'autant l'heure d'arrivée supposée. Une petite pointe de désespoir peut vous saisir en toute fin de matinée. Vos six heures de voyage, incompressibles, pèsent au-dessus de votre tête comme une épée de Damoclès : plus vous partez tard, plus votre journée sera longue, et plus vous serez fatigué.

2. Les impondérables. Ca peut être une déviation de 30 km pour à peine deux de route coupée. Ca peut être une sortie d'autoroute ratée (sans s'en apercevoir, bien entendu) et la poursuite vers un point que vous n'aviez pas envisagé dans votre itinéraire (et vlan, 80 km supplémentaires au compteur…). Ca peut être la station service où vous aviez justement envisagé de faire le plein qui est fermée ce jour-là…

3. La fatigue. Après 5 longues heures de route, alors que la nuit vous tombe dessus et que le dernier réglage de vos verres correcteurs de myopie vous laissent encore perplexe, alors que les routes sinueuses vous encouragent à rappeler à intervalle régulier à vos passagères que la bassine est entre les deux sièges et qu'elles ne doivent en aucun cas hésiter à dégainer avant de refaire la décoration intérieure de votre habitacle, paf ! une lumière éblouissante vous sort de votre torpeur et vous rappelle subitement que vous n'avez pas vu le dernier panneau indiquant la vitesse limite autorisée dans cette zone. Et oui, c'est la fin de l'année, il faut bien fêter ça.

4. Le mal des transports. Vous entamez votre sixième heure de route, et croisez les doigts pour que les virages n'aient pas raison de vos passagères. Vous vous remémorez tous les grands moments de vos voyages précédents où vous n'aviez pas de bassine à bord – enfant malade dans les embouteillages nantais, sur l'autoroute alors que la prochaine aire est à 20 km, en rase campagne par une température de sept degrés inférieure à zéro, à peine une heure après le départ, cinq fois dans le même trajet… toutes ces fois où vous êtes remonté(e) courageusement en voiture, et où vous avez pris sur vous pour ne pas céder à votre propre malaise… Cette année, la chance vous sourira : la bassine a éloigné le mauvais sort, et l'argent économisé en nettoyage des sièges vous permettra de payer (une partie) de l'amende que vous recevrez dans quelques semaines.

5. Les intempéries. On n'y pense jamais assez, mais quelle que soit la saison à laquelle vous entreprenez un (relativement) long voyage, la météo influence considérablement votre état nerveux et physique. Prenez 500 km (dont une bonne moitié de départementales) et parcourez-les du premier au dernier sous une pluie battante. Lorsque vous vous couchez le soir, vous voyez encore les essuie-glasses vous passer devant les yeux. Ajoutez à ceci que vous aviez pris note du dimanche classé rouge et que avez volontairement repoussé votre départ au lendemain, comme tous les gens qui ont écouté le même bison que vous… Pas très futé. Pour le coup, vous voyez vraiment rouge.
Prenez ces mêmes 500 km, et parsemez-y ici et là, sans prévenir, des nappes de brouillard assez denses pour que vous ayez l'impression de percuter un mur. Toujours ces mêmes kilomètres… offrez-vous les 15 derniers en neige verglacée. Vous verrez, après 6 heures de conduite, c'est assez stimulant.

Vous l'aurez compris, ma retraite bisannuelle dans le bastion familial tient, chaque fois, de l'expédition. Mais toujours moins que si je devais me retrouver sur un quai de gare avec mes deux sauvageonnes et tous les bagages !!

samedi 5 janvier 2008

Si je devais écrire un livre...


... il s'intitulerait "Comment se rendre malheureux en dix leçons".

Je ne suis pas certaine que ça ferait un tabac, mais la méthode, éprouvée depuis 28 ans, a fait ses preuves et je garantis 100% de réussite à qui la mettrait en pratique.

A tout bien réfléchir, je me demande si dix leçons sont réellement nécessaires.

Une seule, fondamentale, est à retenir : prendre ses rêves pour des réalités – on finit toujours par être déçu !

mercredi 2 janvier 2008

En demi-teinte


Entre rupture et retrouvailles, entre ombres et lumière, entre rêves abandonnés et espoirs renaissants, les premières heures de cette nouvelle année sont déjà couvertes du même voile mitigé que les dernières de l'an passé.

Replonger ses racines dans cette terre tant de fois foulée mais jamais refoulée... Se regarder dans un autre miroir que celui que nous offre une vie étriquée... Retrouver, sous un oreiller, derrière une porte, dans un livre, le souvenir suave d'un rêve délicieux... Repenser au passé et repasser ces pensées, repenser à ces pensées sans pouvoir repasser au passé... Se convaincre d'aller de l'avant sans fuir pour autant... Se demander si on peut trouver sa voie sans jamais dérailler...

Tout a changé. Les lieux, les gens, moi.

De retour dans mon bastion, je retrouve la citadelle de mes souvenirs, le sanctuaire de mes rêves, la forteresse qui nous a abrités, protégés, défendus pendant tant d'années, dernier rempart face à nos doutes, fragile bouclier de nos désillusions.

Le temps poursuit son ouvrage... et moi le mien.

mardi 1 janvier 2008

Un an

332 billets pour 365 jours de vie dont 341 en compagnie de mon Eos 400D...
Un petit bout de chemin, en somme.